Congé du proche aidant : conditions et montants

Le congé de soutien familial est devenu en 2017 le congé du proche aidant. Cette disposition entrée dans le Code du travail permet à un salarié de demander une réduction ou une cessation de son activité professionnelle à son employeur afin d’aider une personne âgée en perte d’autonomie, un enfant ou un adulte souffrant de handicap pour une durée déterminée. Quelles sont les conditions pour bénéficier du congé de soutien familial ? Quelles sont sa durée et ses conditions de rémunération ?
 

Qu'est-ce que le congé de soutien familial ?

Le congé de soutien familial, désormais rebaptisé congé du proche aidant, permet à toute personne exerçant une activité professionnelle au sein d’une entreprise de demander des congés pour prendre soin d’un membre de sa famille étant en situation de handicap ou de grave perte d’autonomie. Vous pouvez prendre un congé de soutien familial pour vous occuper : 

• De votre conjoint : marié, pacsé ou en concubinage
• D’un de vos ascendants : parents, grands-parents, arrière-grands-parents 
• D’un de vos descendants : enfants, petits-enfants, enfant dont vous avez la charge aux yeux des allocations familiales
• D’un membre de votre famille jusqu’au quatrième degré : frère, sœur, tante, oncle, cousin germain, cousine germaine, neveu, nièce
• D’une personne âgée ou en situation de handicap avec laquelle vous vivez ou entretenez une relation régulière et que vous aidez d’ores et déjà.

À noter que la téléassistance à domicile permet de soulager les aidants familiaux dans la mesure où elle apporte sécurité et bien-être au senior en l’absence de ses proches.
 

Quelles conditions pour accéder à ce congé ? Quelle est sa durée ?

Pour pouvoir obtenir un congé de proche aidant, vous devez effectuer certaines démarches. Au préalable, vous devez adresser un courrier (postal ou électronique en recommandé avec accusé de réception, pour pouvoir justifier de la date de la demande) à votre employeur. Ce courrier devra lui indiquer :

• Votre souhait d’interrompre votre contrat de travail 
• La date à laquelle cette cessation d’activité prendra effet
• Les conditions d’application de ce congé de soutien familial : s’agit-il d’une demande pour passer à temps partiel ou d’un congé fractionné dans le temps ?

Vérifiez dans votre convention collective ou votre accord collectif d’entreprise les délais à respecter pour l’envoi de ce courrier. Si ces documents ne font pas mention d’un délai, sachez que le Code du travail s’applique, et que le courrier doit parvenir à votre employeur au moins 1 mois avant la prise du congé de proche aidant. Ce délai de 1 mois peut être aboli en cas d’urgence : 

• Si l’état de santé de la personne handicapée ou en perte d’autonomie s’aggrave, vous devrez faire établir un certificat médical pour en attester
• Si vous faites face à une situation de crise
• Si la personne en situation de handicap ou de dépendance ne peut plus bénéficier d’un hébergement en établissement, vous devrez alors fournir une attestation signée de la direction de l’établissement.
   

Le congé du proche aidant est-il rémunéré ?

La rémunération du proche aidant pendant son congé est interrompu. Le congé de soutien familial n’est en effet pas rémunéré, sauf si les accords de branche ou d’entreprise prévoient une rémunération totale ou partielle. Durant le congé de proche aidant, le salarié peut toutefois toucher une rémunération s’il devient aidant familial salarié par la personne dont il s’occupe. À condition qu’il ne s’agisse pas de la personne dont il partage la vie : en effet, une personne en situation de handicap ou de perte d’autonomie ne peut pas salarier son conjoint marié, concubin ou partenaire de PACS. 
La prise d’un congé de proche aidant donne droit à des avantages : 

• Le congé de soutien familial est pris en compte dans le calcul de l’ancienneté du salarié, comme s’il n’avait pas cessé ou réduit son activité professionnelle
• Le congé de proche aidant ne fait pas perdre les avantages acquis précédemment au sein de l’entreprise
• Pendant le congé de proche aidant, le salarié bénéficie de l’AVPF (assurance vieillesse du parent au foyer).

Comment faciliter la relation aidant-aidé ?

Au quotidien, en France, plus de 8 millions d’aidants familiaux assistent une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ou en perte d’autonomie, le plus souvent dans le cadre du maintien à domicile. À la place de la relation parent-enfant, entre conjoints ou frère-sœur, s’établit une relation aidant-aidé qui change tout, et qui bouleverse les rôles. Pour que chacun vive bien cette situation sur le long terme, il s’agit d’adopter les bons gestes et les bons réflexes.
 

Quelles attitudes adopter ?

L’attitude la plus importante à mettre en œuvre au quotidien, qui paraît évidente, mais qui peut être battue en brèche lorsque l’épuisement de l’aidant familial point, est la bienveillance. Quelle que soit la situation, il faut faire preuve de douceur, de patience et d’indulgence vis-à-vis de la personne dépendante. 

Par exemple, même si elle a du mal à finir ses phrases ou si ses paroles paraissent confuses, il faut la laisser parler sans lui couper la parole, et il ne faut pas hésiter à la faire répéter si l’on n’a pas bien compris, afin de respecter ses souhaits et de ne pas lui imposer quelque chose qui ne lui plaît pas. Il est nécessaire de garder son calme en toutes circonstances, en évitant de s’agacer et de faire des reproches, ce qui ne sert en général qu’à "braquer" la personne âgée et ne mène qu’aux conflits à répétition et à une rupture de la communication, voire à l’inertie de la personne âgée, par réflexe de protection. 

Pour que la vie au quotidien se passe bien, il est utile d’établir pour chaque jour une routine qui permette à la personne âgée et à l’aidant familial d’avoir des repères et de se sentir en sécurité. Enfin, il est absolument indispensable, pour maintenir une relation aidant-aidé sereine et apaisée, que l’aidant familial garde du temps pour lui, prenne soin de lui et de sa santé, afin de se préserver pour prendre soin plus longtemps de la personne dépendante.
 

Aidant : vos droits et vos libertés

En tant qu’aidant familial, vous "sacrifiez" du temps à la personne en perte d’autonomie par amour pour elle, vous acceptez de prendre soin d’elle, mais cela ne signifie pas, pour autant, que vous devez devenir corvéable à merci, ce qui détériorerait la relation aidant-aidé. Vous avez des droits et des libertés : 

• vous avez le droit de continuer d’aller au travail et de pratiquer vos loisirs, afin d’avoir un sas de décompression pour mieux vous occuper de la personne dépendante
• vous êtes libre d’avoir une vie personnelle, en dehors de la personne dépendante, en participant par exemple à des sorties, en vous rendant à des dîners 
• vous avez le devoir de prendre du temps pour vous et de prendre soin de vous, afin de vous ressourcer et de vous reposer, et d’éviter l’épuisement des aidants familiaux
• vous n’avez pas à culpabiliser lorsque vous dites que vous êtes épuisé ou que vous vous sentez submergé par les difficultés de la vie auprès d’une personne malade ou en perte d’autonomie 
• vous avez le devoir de respecter la personne âgée dépendante, mais le droit absolu qu’elle vous respecte aussi, pour préserver la relation aidant-aidé 
• vous n’avez pas à ressentir la moindre honte si vous demandez de l’aide auprès de professionnels lorsque vous vous sentez épuisé ou dépassé.

Demander de l'aide

Pour faciliter la relation aidant-aidé, une des meilleures solutions est de faire appel à un accompagnement. Il peut s’agir d’un accompagnement sollicité auprès d’associations d’aidants, afin d’échanger, de se soutenir mutuellement, de bénéficier d’informations sur les différentes aides sociales ou sur les possibilités de répit pour les aidants. L’aide peut aussi être sollicitée auprès des services du conseil départemental, qui peuvent apporter des aides financières, mais aussi en nature, par le biais par exemple du recours à une aide-ménagère ou à domicile. Enfin, l’aide peut prendre la forme de la téléassistance, un dispositif qui permet à la personne âgée d’alerter ses proches ou un service d’urgence en cas d’incident, pendant que vous êtes sorti pour faire des achats, pour vous rendre à une consultation médicale, ou pour pratiquer une activité de loisir.