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Aidant Familial

En France, plus d'un salarié sur dix aide régulièrement un proche malade, en situation de handicap ou en perte d'autonomie. Cette réalité, qui touche aujourd'hui environ 5 millions de travailleurs, s'intensifie avec le vieillissement de la population et l'allongement de la durée de vie professionnelle. Face à ce phénomène grandissant, les entreprises françaises prennent progressivement conscience de leurs responsabilités envers ces salariés aidants, qui cumulent activité professionnelle et accompagnement d'un proche dépendant. Les enjeux sont considérables : égalité femmes-hommes, non-discrimination, qualité de vie au travail et santé des collaborateurs relèvent directement de la responsabilité sociétale des entreprises. D'ici 2030, un actif sur quatre sera proche aidant selon les projections, transformant cette question en défi majeur de gestion des ressources humaines.

Qui sont les salariés aidants en France et quels défis rencontrent-ils ?

La France compte 11 millions d'aidants selon le baromètre BVA / Fondation April, dont plus de 50 % sont des salariés. Ces derniers représentent une population en constante évolution : l'âge moyen d'entrée dans l'aidance est désormais de 39 ans, contre 60 il y a encore quelques années selon l'étude Ocirp-Viavoice. Cette tendance s'explique par l'augmentation des maladies chroniques, l'allongement du temps de travail et les évolutions démographiques.

Le profil type du salarié aidant familial révèle des inégalités flagrantes : 2/3 des aidants familiaux de personnes âgées dépendantes sont des femmes selon la Haute Autorité de Santé. Par ailleurs, 75 % des aidants consacrent plus de deux heures par semaine à l'accompagnement de leur proche, et plus d'un aidant sur six y consacre plus de vingt heures par semaine d'après l'Observatoire des salariés aidants de Malakoff Humanis. Cette charge importante s'ajoute aux responsabilités professionnelles habituelles.

Les conséquences sur la vie professionnelle sont multiples et documentées. 54 % des salariés aidants se disent épuisés, 31 % déclarent des baisses de vigilance et d'attention liées à leur situation, et 49 % se disent stressés, soit 10 points de plus que les autres salariés selon Malakoff Humanis. Cette surcharge se traduit concrètement par des absences non prévues, une désorganisation des équipes et des difficultés de conciliation entre vie professionnelle et personnelle. Paradoxalement, 26 % seulement des salariés aidants ont informé leur employeur de leur situation selon l'Ocirp, révélant un déficit majeur de reconnaissance et de communication.

Pourquoi l'accompagnement des salariés aidants est-il devenu un enjeu RSE majeur pour les entreprises ?

L'engagement auprès des salariés aidants constitue désormais un enjeu central de responsabilité sociétale des entreprises. Cette problématique touche directement aux piliers de la RSE : égalité femmes-hommes, non-discrimination, équilibre vie professionnelle-vie personnelle, handicap, qualité de vie et santé au travail. Les difficultés rencontrées par les salariés qui cumulent activité professionnelle et aide d'un proche relèvent pleinement de ces responsabilités sociétales.

L'impact économique pour les entreprises est considérable et largement sous-estimé. Une mauvaise prise en charge des salariés aidants représente un coût annuel estimé à 1 500 euros par aidant selon les estimations dans les pays anglo-saxons. À l'inverse, 69 % de gains de productivité sont déclarés par les entreprises qui ont mis en place des dispositifs d'accompagnement selon l'étude Supporting Working Carers de 2013. Ces chiffres démontrent que l'investissement dans l'accompagnement des aidants génère un retour positif mesurable.

La stratégie nationale "Agir pour les aidants 2020-2022" a officiellement inscrit cette préoccupation au cœur des critères RSE. C'est dans ce cadre que Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'Autonomie, Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, et Olivia Grégoire, secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale, solidaire et responsable ont saisi la Plateforme RSE pour formuler des recommandations concrètes. Cette démarche institutionnelle souligne la volonté politique de faire de l'accompagnement des aidants un marqueur d'entreprise responsable.

Quelles sont les 24 recommandations de la Plateforme RSE pour soutenir les salariés aidants ?

La Plateforme RSE a élaboré 24 recommandations structurées autour de cinq axes stratégiques pour transformer la prise en compte des salariés aidants dans les entreprises. Ces recommandations s'adressent au gouvernement, aux entreprises, aux partenaires sociaux et aux fédérations professionnelles, créant un cadre d'action complet et cohérent.

Le premier axe concerne la mobilisation de tous les acteurs et parties prenantes : dirigeants, managers, collègues, ressources humaines, médecine du travail, assistance sociale, branches professionnelles et associations territoriales. Cette approche systémique vise à créer un environnement favorable où chaque niveau hiérarchique et chaque fonction contribue à l'accompagnement des aidants.

Le deuxième axe préconise d'instaurer une culture de la bienveillance pour libérer la parole. Il s'agit de favoriser la communication et l'accès à l'information, de sensibiliser l'ensemble des collaborateurs et de faire connaître les dispositifs existants. Cette recommandation répond directement au constat que plus d'un tiers des aidants n'ont jamais entendu parler de leur statut, révélant un déficit majeur d'information.

Les trois autres axes portent respectivement sur l'identification et la réponse aux besoins spécifiques, la prévention de l'épuisement par des solutions de répit et des réseaux de pairs, et enfin la reconnaissance et la valorisation des compétences acquises par les aidants. Ces recommandations transforment la vision traditionnelle de l'aidance, passant d'une contrainte à gérer vers un atout à valoriser au sein de l'entreprise.

Quels dispositifs concrets les entreprises mettent-elles en place pour leurs salariés aidants ?

Les entreprises françaises développent une palette diversifiée de dispositifs pour accompagner leurs salariés aidants. L'aménagement du temps de travail constitue la mesure la plus demandée par 56 % des aidants. Cet aménagement peut prendre plusieurs formes : horaires flexibles avec des plages élargies d'arrivée et de départ, annualisation du temps de travail permettant une modulation selon les besoins, ou encore horaires individualisés pour répondre aux situations les plus complexes.

Le télétravail représente une solution particulièrement adaptée aux contraintes des aidants. Les salariés aidants représentaient 26 % des personnes en télétravail en 2019 selon Malakoff Humanis, proportion qui s'est encore accrue avec la généralisation de ce mode d'organisation. Le télétravail permet de gagner du temps sur les trajets, d'être plus disponible pour les urgences familiales et de mieux concilier les différentes responsabilités.

Les dispositifs légaux de congés constituent un autre pilier de l'accompagnement. Le congé de proche aidant permet de prendre 3 mois de congé, renouvelables jusqu'à 1 an sur toute la carrière, avec une indemnisation par l'allocation journalière du proche aidant (AJPA) fixée à 65,80 euros par jour depuis le 1er janvier 2025. Les entreprises peuvent compléter cette indemnisation pour limiter la perte de revenus. Le congé de solidarité familiale et le congé de présence parentale complètent ces dispositifs pour des situations spécifiques.

L'innovation sociale se développe également avec le don de congés entre salariés, légalisé depuis 2018. Ce dispositif permet aux collaborateurs de céder anonymement et sans contrepartie des jours de repos non pris à un collègue aidant. Certaines entreprises proposent aussi des chèques CESU préfinancés, des aides financières ponctuelles ou l'accès à des services d'accompagnement spécialisés.

Comment les entreprises peuvent-elles prévenir l'épuisement et favoriser le bien-être de leurs salariés aidants ?

La prévention de l'épuisement des salariés aidants nécessite une approche globale combinant détection précoce, accompagnement personnalisé et solutions de répit. Les entreprises peuvent faciliter des diagnostics santé lors des visites médicales pour identifier les signes de surmenage avant qu'ils ne deviennent critiques. Cette démarche préventive permet d'intervenir en amont et d'éviter les situations d'urgence.

Le développement de réseaux de pairs et d'échange de bonnes pratiques constitue un levier puissant contre l'isolement. Ces groupes de parole permettent aux aidants de partager leurs expériences, de s'entraider et de rompre l'isolement qui caractérise souvent leur situation. Certaines entreprises organisent des cafés aidants mensuels ou des ateliers thématiques pour favoriser ces échanges.

L'accès à des services de soutien psychologique représente un complément indispensable. Les plateformes d'écoute ou les lignes téléphoniques dédiées offrent un soutien professionnel accessible 24h/24. Ces services permettent aux aidants de bénéficier d'une écoute spécialisée et de conseils adaptés à leur situation, contribuant ainsi à prévenir l'épuisement psychologique.

Les solutions de répit constituent un enjeu majeur pour permettre aux aidants de souffler. Les entreprises peuvent nouer des partenariats avec des services de garde à domicile, des centres d'accueil de jour ou des établissements proposant de l'hébergement temporaire. Le droit au répit, qui permet le financement d'un hébergement temporaire dans la limite de 500 euros par an, peut être complété par des aides financières d'entreprise pour une prise en charge plus complète.

Comment mesurer et valoriser l'engagement d'une entreprise auprès de ses salariés aidants ?

La mesure et la valorisation des engagements constituent des étapes cruciales pour ancrer durablement les politiques d'accompagnement des aidants. La Plateforme RSE recommande l'utilisation d'indicateurs pertinents qui pourront être renseignés sur la plateforme impact.gouv.fr, permettant un suivi standardisé et une comparaison entre entreprises.

Le reporting extra-financier doit intégrer les mesures prises en faveur des salariés aidants. Ces informations peuvent porter sur le nombre de bénéficiaires des dispositifs, les budgets alloués, les taux d'absentéisme comparés, ou encore les résultats des enquêtes de satisfaction. Cette transparence renforce la crédibilité des engagements RSE et permet aux parties prenantes d'évaluer les performances sociales de l'entreprise.

Les démarches de labellisation offrent une reconnaissance externe des efforts entrepris. Le label Cap'Handéo "Entreprises engagées auprès de ses salariés aidants" constitue une référence dans ce domaine. Initié par Klesia et Handéo en partenariat avec l'Agirc-Arrco, ce label s'appuie sur un référentiel précis qui évalue les dispositifs mis en place, leur accessibilité et leur efficacité. L'obtention de ce label constitue à la fois un outil de communication externe et un levier de mobilisation interne.

Le prix "Entreprise & salariés aidants" récompense les initiatives les plus innovantes et les plus impactantes. Ces reconnaissances publiques valorisent les bonnes pratiques et encouragent leur diffusion dans d'autres entreprises, créant un effet d'entraînement bénéfique pour l'ensemble des salariés aidants.

Quels bénéfices les entreprises tirent-elles de leurs actions en faveur des salariés aidants ?

Les bénéfices générés par l'accompagnement des salariés aidants se révèlent multiples et mesurables. Sur le plan économique direct, les entreprises qui agissent déclarent 69 % de gains de productivité selon l'étude Supporting Working Carers. Cette amélioration s'explique par la réduction du présentéisme passif, la diminution des arrêts maladie et une meilleure implication des collaborateurs soutenus.

La fidélisation des talents constitue un avantage concurrentiel majeur dans un contexte de tensions sur le marché du travail. Un salarié aidant qui bénéficie d'un accompagnement adapté développe un sentiment de reconnaissance et de loyauté envers son employeur. Cette fidélisation réduit les coûts de recrutement et de formation, tout en préservant les compétences et l'expérience au sein de l'entreprise.

L'amélioration de la marque employeur représente un bénéfice stratégique à long terme. Les entreprises reconnues pour leur engagement auprès des aidants attirent plus facilement les talents, particulièrement dans un contexte où 1 actif sur 4 sera proche aidant en 2030. Cette réputation d'employeur responsable constitue un différenciateur important sur le marché du recrutement.

Les compétences développées par les aidants constituent un capital humain précieux pour l'entreprise. Organisation, efficacité, résilience, écoute et sens des responsabilités sont autant de qualités que ces collaborateurs transfèrent naturellement dans leur activité professionnelle. Reconnaître et valoriser ces compétences acquises transforme une contrainte perçue en atout concurrentiel, créant ainsi une dynamique positive où l’expérience personnelle devient une source de performance, d’engagement et de différenciation pour l’entreprise.

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