Pair-Aidant : qu'est-ce que la Pair-Aidance ?

Née en France dès le XVIIIe siècle, mais conceptualisée aux États-Unis au cours des années 1970, la pair aidance repose sur un principe simple : le partage d’expérience et l’entraide entre personnes ayant connu ou connaissant les mêmes troubles (maladie physique ou mentale), dans l’objectif d’une réduction des risques et d’un rétablissement plus prompt et plus durable.

Pair-aidance : définition

La pair aidance s’appuie sur une idée simple : une personne ayant souffert d’une maladie physique ou mentale peut aider une autre personne qui souffre de la même pathologie, mais à un autre stade, à mieux supporter et à traverser les difficultés dans la vie quotidienne que cette maladie engendre. L’idée sous-jacente de la pair aidance est que seul un pair, connaissant bien la maladie et son fardeau de peines, peut réellement se mettre à la place pour comprendre et aider un malade, contrairement à l’aidant familial. Il s’agit donc d’un processus d’entraide, de solidarité, de transmission de vécu entre « pairs », c’est-à-dire entre personnes partageant la même expérience de la maladie, à des étapes différentes de leur parcours de soins. C’est par exemple sur ce principe que sont nés les groupes de parole des Alcooliques anonymes. L’idée de pair aidance a été depuis lors étendue dans les services de psychiatrie, mais elle est aussi très importante dans les associations qui aident les malades du cancer et du sida.

Quel est le rôle du pair-aidant ?

Les fonctions du pair aidant sont de trois ordres :

• Être un symbole d’espoir pour les malades : sachant qu’il a réussi à aller mieux, à surmonter les difficultés provoquées par ses troubles, le pair aidant est la preuve qu’il est possible de se rétablir, et peut offrir des solutions à des problèmes concrets ;
• Être un soutien et un facteur de responsabilisation : le pair aidant permet de prouver que les malades peuvent reprendre en main leur vie, qu’ils peuvent agir sur leur rétablissement. Cette responsabilisation est importante pour parvenir à surmonter les obstacles ;
• Vaincre la stigmatisation dont sont victimes les malades, en étant intégré au sein des services de santé : le partage d’expérience et les témoignages permettent de faire comprendre aux équipes soignantes ce qu’est la maladie, ses phases, les entraves qu’elle entraîne dans la vie quotidienne, les empêchements qu’elle induit pour parvenir au rétablissement.

Quel est le statut du pair-aidant ?

Les aidants se regroupent par conséquent en trois types principaux :

• Les associations d’usagers : au sein des unités de psychiatrie ou dans des associations, les patients et les proches sont invités à échanger, à se rencontrer, à s’entraider pour surmonter les difficultés engendrées par les troubles psychiques. Il s’agit d’aidants bénévoles ;
• Les groupes d’entraide mutuelle (connus sous les initiales GEM) : l’objectif est de préserver le lien social, de lutter contre l’isolement des personnes malades, de limiter l’impact du handicap provoqué par la maladie psychique, en favorisant des échanges entre les usagers et les anciens usagers des services de santé mentale. Il s’agit d’associations sous le statut de la loi 1901, financées en partie par les ARS (agences régionales de santé). Les pairs sont donc ici aussi bénévoles ;
• L’intégration dans les équipes soignantes : le projet du « médiateur de santé-pair » a été lancé depuis janvier 2012 en France. Il s’agit de professionnels qui ont souffert d’un trouble psychique et qui, guéris, sont intégrés dans des équipes soignantes. Ces professionnels doivent donc raconter leur parcours dans le cadre de leur travail, et le partage de leur expérience auprès de malades qui traversent la même souffrance permet d’aider ceux-ci à se rétablir.

Pour limiter les risques, il est recommandé que les pairs professionnels puissent bénéficier de formations et de suivi psychologique. Une supervision est sans aucun doute nécessaire, pour éviter que le pair aidant ne voie les symptômes de sa maladie réactivés par le partage d’expérience et l’empathie provoquée par les échanges avec les malades.